Benoît Hamon, candidat du Parti Socialiste à l’élection présidentielle, a précisé son programme économique le 9 mars lors de l’Émission politique sur France 2, notamment sur la mise en oeuvre d’un revenu universel par étapes. Analyse de sa proposition par le MFRB.

La première étape concerne l’amélioration du RSA actuel : automatiser son versement, augmenter son montant à 600€ et l’ouvrir aux 18 – 25 ans. Cette allocation est dégressive à mesure que les revenus du travail augmentent. Pour chaque euro gagné, son montant décroît de 28 centimes. Elle constitue un complément de revenus versé sur la fiche de paie pour « tout travailleur qui perçoit un salaire net jusqu’à 1,9 smic mensuel », soit 2 165 euros.

Cette proposition supprimerait le RSA et la prime d’activité actuelle, sans toucher aux autres aides comme l’APL ou les bourses étudiantes. Benoît Hamon suggère en deuxième étape de l’élargir à l’ensemble des citoyens pour en faire un véritable revenu universel, proposition qui devrait être construite par une conférence citoyenne.

Une première étape salutaire mais insuffisante

Le Mouvement Français pour un Revenu de Base (MFRB) souligne l’avancée que constitue la première étape par rapport au système actuel. Les jeunes sont en effet parmi les principaux perdants de notre système de protection sociale et le RSA comme la prime d’activité comportent de nombreux défauts qu’il convient de pallier (voir vidéo ci-dessous).

Cependant, cette première étape n’est pas un revenu universel, explique Nicole Teke, coordinatrice relations publiques du MFRB :

Il est dommageable que Benoît Hamon se centre uniquement sur la première étape. Pour le MFRB, il est essentiel de ne pas oublier la deuxième étape dès le prochain quinquennat, car c’est bien là que réside l’intérêt du revenu de base : pour être pleinement efficace, il doit être universel, individuel et inconditionnel.

Par ailleurs, le coût important de la mesure, souvent présenté comme un argument d’autorité disqualifiant le revenu de base, n’a en réalité pas vraiment de sens : le coût net est bien moins élevé, puisqu’il s’agit avant tout d’une nouvelle façon de redistribuer les richesses qui constitue un investissement réel pour les citoyens.

Ne reproduisons pas les erreurs passées

C’est la deuxième fois dans l’Histoire que le revenu universel est porté par un candidat aux élections présidentielles. En 1972, aux États-Unis, le candidat démocrate George McGovern en avait fait son fer de lance au moment des primaires de son parti. Après avoir remporté la primaire, il a néanmoins reculé sur sa proposition, ce qui a sans doute joué un rôle clé dans sa défaite face au candidat républicain Richard Nixon. Souhaitons que les débats de l’élection présidentielle française ne dénaturent pas les fondements de cette proposition.

Le MFRB appelle les candidats à ne pas oublier les objectifs principaux du revenu de base : l’émancipation et la liberté de choix des citoyens.


Crédit photo : Marion Germa